EXPOSITION
Le premier qui rira : Mauricio Limón de León
Une proposition curatoriale de Marco Calderón
3 septembre 2020 - 29 octobre 2020
Dix années ont été nécessaires à l’artiste mexicain Mauricio Limón de León (Mexico, 1979) pour réaliser un travail de grande ampleur, précis et sensible sur le mode de vie d’un groupe social d’un quartier fragile de Mexico.
Un regard esthétique iconoclaste oscillant entre poésie et humour trash semble être une constante-clé dans l’œuvre de Mauricio Limón. Entre raillerie et observation du banal, l’artiste nous invite à une réflexion sociale et humaine au gré de ses pérégrinations dans un espace urbain identifié : Iztapalapa. Densément peuplé, ce secteur sensible situé à l’est de Mexico constitue une enclave lointaine et défavorisée d’un point du vue cartographique et social. Ses rues offrent un paysage défini par l’asphalte, le ciment, les barres d’armature et le plastique dont la configuration a un air de chaos, propice à la créativité et à l’improvisation.
Intéressé par les personnes au mode de vie informel, comme les vendeurs ambulants, les squeegees ou les sans-abri, Mauricio Limón est parvenu à intégrer au cœur de son processus artistique ces personnes isolées en situation de fragilité personnelle ou sociale, en s’impliquant intensément et durablement auprès d’eux. Par le jeu, le rire ou la colère Mauricio Limón les rend visibles et nous rappelle l’importance des pratiques sociales dans la création artistique.
Ancien élève de la Rijksakademie van Beeldende Kunsten, Amsterdam (Pays-Bas), lauréat des commissions Arts Visuels de la Cité internationale des Arts de Montmartre, Mauricio Limón est actuellement en résidence à la Fondation Fiminco de Romainville. Son travail est exposé au Mexique, aux États-Unis, au Canada et en Europe.
Curateur, artiste et doctorant en esthétique à l’Université Paris 8, Marco Calderón (Tepoztlán, Mexique, 1976) s’investit dans les pratiques curatoriales en art contemporain latino-américain, favorisant les échanges au long cours avec les artistes.
VIDÉOS
Le projet selon l'artiste
Table Ronde : Création contemporaine au Mexique
à l'Institut Culturel du Mexique en France
15 octobre 2020
EXPOSITION
Edgardo Navarro : Passerelles
Prolongée jusqu'au 14 août 2020
Les toiles d’Edgardo Navarro s’offrent à nous comme des portes d’accès à des univers parallèles. Chaque élément est susceptible d’être une clé du mystère. Horizons, lentilles de verre, miroirs, fenêtres, cactus, tissages et regards absents sont autant de sentiers à emprunter au sein de cet itinéraire. Dans un ballet kaléidoscopique, les mots de l’illustre physicien Stephen Hawking semblent se confirmer : “L’univers n’a pas une seule histoire, mais une multitude d’histoires possibles”.
Ainsi, face au syndrome contemporain du naufrage, Edgardo Navarro balise un territoire au moyen de ses images. Au détour de tracés longuement médités, il établit des structures fragiles, mais attachantes et chargées de matière. Les couches de peinture se voilent d’ombre et de transparence, s’adaptant au caprice du récit, dont l’avenir dépendra du point ou de la fuite que le spectateur choisira.
A notre insu, les images incisives s’impriment subtilement dans notre esprit, et nous endossons le rôle des personnages, occupant des espaces étrangement familiers. La figuration, si évidente dans l’œuvre du peintre, est présentée cryptée. Ses images entrent en dialogue avec la perspective de la Renaissance, la morphologie flamande, la lumière symboliste, la force du muralisme mexicain et le côté ludique de la géométrie. Cependant, malgré le transfert d’imaginaires, le temps ne semble pas s’arrêter sur une époque précise. Navarro encapsule dans ses toiles des instants de doute. Ces questionnements irrémédiablement humanistes rappellent l’instabilité de nos réalités et l’oscillation des identités.
Devant l’ego de la connaissance, la couardise de l’oubli et le poids du linéaire de l’histoire, le peintre mexicain propose des images dont l’architecture aspire à être de nature iconoclaste, s’éloignant du pittoresque folklorique. Edgardo Navarro construit des passerelles, des ponts, qui témoignent d’une recherche technique ardue, laissant à la vue de l’œil acéré la beauté de la duplicité et de la faille.
Ingrid Arriaga
En savoir plus sur l’artiste :
Portrait réalisé par l'atelier A Arte – ADAGP
Site officiel d’Edgardo Navarro
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