UNE COSMOLOGIE DE POÈTES
LATINO-AMÉRICAINES
21 septembre - 2 octobre 2021
Dans l'univers Qom, le peuple qui habite la jungle dense de la région du Gran Chaco, au cœur du Cône Sud, existent les femmes étoiles. Dotées de deux bouches, l'une au visage et l'autre au sexe, ces êtres stellaires portent une double parole et une faim insatiable de connaissance.
Fascinée et inspirée par ces êtres, Julieta Hanono dessine un paysage cosmique au féminin qui traverse les frontières des pays d'Amérique latine. Julieta les a nommés poètes, mais elle les appelle aussi lucioles, étoiles, sirènes, chamanes ou sorcières. Tous ces personnages, à travers l'histoire de l'Amérique latine, ont déconstruit les jugements, cherchant à renouveler les consciences à travers leur poésie. La vie de chacune est tissée dans leur écriture. Les bords des multiples contradictions entre le réel, le désir, l'affectif et le social se déploient dans leur poésie.
En complicité avec ces poètes choisies et en se plaçant depuis l’Hémisphère sud, Julieta établit une cartographie condensée de l'histoire des luttes au féminin en Amérique latine. Ce territoire où le féminisme est très proche du corps ; où il est impossible de parler de la vie sans affronter la violence ; où les silences ne sont qu'une pause dans l'histoire. Parler de féminisme, c'est parler de subversion, de la revendication du franchissement, du liminal et du transversal. Ses pistes vont concrètement à l'encontre des dogmes, en faveur de l'affection et de l'écoute. Cette cosmologie est sensible aux voix multiples, parfois marginalisées, aux langues vernaculaires, aux réflexions sur la négritude et le métissage et aux droits transgenres.
Comme des rivières, les bandes de l'installation de Julieta Hanono fusionnent pour former un réseau de luttes communes. Quatre couleurs s'entremêlent sur le parquet de l'Institut culturel du Mexique : violet, vert, orange et blanc. Chacune évoque son propre combat : contre la violence sexiste, le droit à l'avortement, la dissociation entre sexualité et religion et le combat des Mères de la Place de Mai, où toutes les mères d'Amérique latine se retrouvent aujourd'hui pour retrouver leurs enfants disparus. Sous nos yeux ce réseau met en évidence l’importance de l'affectif dans la résilience.
Cette cosmologie nous parle. Plusieurs voix lisent un texte de l’artiste mêlant des éléments de son vécu personnel et des récits Qom. Des complices prêtent également leur voix, invités par l’artiste à habiter cette cosmologie. Tous les jours à partir de 17h, cette cosmologie s’activera au gré de parcours poétiques et autres conversations, lectures, projections, performances et interventions menées par l’artiste et ses invité.e.s.
Avec la cosmologie de poètes de Julieta Hanono, l’Institut culturel du Mexique met l’accent sur la contemporanéité du dialogue artistique dans la construction et le partage du savoir, à la recherche d’une réalité harmonieuse et inclusive.
Ingrid Arriaga, 2021
Activation d’une œuvre de Julieta Hanono
Du lundi au vendredi, 17h
Parcours poétiques avec Julieta Hanono
Visites guidées en compagnie de l’artiste
Mardi 21, 18h30
Féminismes et liens affectifs
Conversation avec Esther Ferrer artiste
Julieta Hanono artiste
Elisa Mizrahi curatrice
Kantuta Quirós curatrice & théoricienne de l’art
Marie Rebecchi maître de conférences en esthétique du cinéma
Modération : Ingrid Arriaga anthropologue
Samedi 25, 17h
Poésie latino-américaine à haute voix
Lecture participative avec Kathy Alliou,
Ingrid Arriaga, Sarina Basta, Christine Frérot,
Julieta Hanono, Anne Husson,
Marta Ponsa, Kantuta Quirós
Mardi 28, 17h
Projection et performance filmée
Ephèbes et courtisanes (France, 2005, 26’)
Projection en présence du réalisateur, Oleg Tcherny
Présentation de Lia García (La Novia Sirena),
poète-pédagogue et artiste trans mexicaine
Mercredi 29, 17h
Ensemble plurilingue
du bureau des heures invisibles
Lecture-performance participative en canon
à partir d’un texte d’Hannah Arendt,
avec Sarina Basta et Amélie Mourgue
Samedi 2 octobre, 18h
Finissage
A la mémoire de Violeta Parra
Par Julieta Hanono guitare